Un automne de plus
Celui de l’année dernière m’avait plongée dans une léthargie mentale. Réveillez-moi au printemps marmonnait mon petit moi intérieur, se retournant sur le côté pour se rendormir. Je voyais – comment ne pas ? – la grande parade de couleurs, le dernier chant des fleurs, le lent déshabillage des bois alentour. J’aimais les promenades en forêt, l’odeur acide et riche de ce grand sommeil à venir, la netteté des contours dénudés contre le ciel d’un bleu arrogant ou d’un gris soyeux. Et pourtant, je n’en voulais pas, de l’automne, et encore moins de cette ombre froide qui le suivait pas à pas : l’hiver.
Je ne crois pas que je l’aimerai, cet hiver à venir, pas plus que les autres.
Mais cet automne, peut-être parce que qu’il a le charme de ces choses qu’on sait être une dernière fois, cette flamme qui embrase brièvement nos promenades et le quartier, je le respire et j’en dessine les ors, vermeils et cuivres, touches de rubis et grenat dans mon cœur. Je l’emporterai avec moi, et me dirai quelle chance que d’avoir vu ces automnes du nord est américain, si généreux en feuillages et teintes, ensoleillés et odorants comme un panier de champignons frais…