Le bonheur ne se donne pas…
Rendre quelqu’un heureux… L’image à laquelle les faibles – ces faibles si forts ! - s’accrochent en y enfonçant les ongles. On ne les rend pas heureux. Ce n'est pas leur faute s'ils sont "comme ça".
Mais la capacité au bonheur est quelque chose qu’on a ou pas, qu’on a et qu’on chérit ou qu’on rejette, incapable que l’on s’estime d’y accèder.
Alors on en charge les autres.
Un mari ou une épouse ne rendra pas son conjoint heureux. Il apportera sa joie de vivre personnelle dans la vie du couple, et travaillera aux certitudes ou semi-certitudes envisageables pour l’avenir. Mais il/elle ne peut en aucune manière faire entrer le bonheur dans la vie, le regard, le cœur ou le sourire de l’autre. Surtout si cet autre « attend qu’on le lui apporte ».
Et qu’il est donc difficile de se dire que, quel que soit le chemin que l’on prend, on n’arrive pas à aider l’autre à trouver son bonheur. Il accompagne, maussade comme une ombre de pluie, parfois grimaçant un sourire qui dit « c’est bien pour te faire plaisir ».
Et parce qu’il ne s’aime pas, il n’aime pas non plus. Il s’accroche, oui, mais pas avec le cœur.
Et en face d’eux on se sent honteux de ne plus avoir envie de donner, de n’agir que par devoir. En face d’eux on cherche en vain l’éclair de la joie dans la présence, dans la complicité, l’échange. On guette un retour. Et on trouve le silence. Des yeux qui se posent familièrement sur nous au matin sans qu’on y trouve les mots muets « Oh toi, que j’aime quand tu fronces le front de cette manière… et cette mèche jamais coiffée, quelle tendresse elle fait vibrer en moi… ».
Il est bien dur d’être celui qu’on accuse de n’avoir pas rendu heureux !