Il la touche. Ils deviennent « eux »…
On peut toucher bien des mains, embrasser bien des joues ou lèvres, danser dans bien des bras… il y a ceux qui étaient faits pour entourer une certaine taille et aucune autre. Le souvenir de la chaleur courant sous la paume appuyée contre un dos qui se creuse pour irradier chaque vaisseau jusque dans le cœur ne s’évanouira jamais. Tout comme cette évidence qui n’a pas de sens : la marque de cette paume, à cet endroit exact, a toujours été là, prête pour cette précise longueur des doigts, pour leur écartement uniquement. Pour que les deux chairs se lovent enfin l’une dans l’autre, l’aveugle et inconsciente attente ayant pris fin.
Les autres croient qu’ils dansent, alors qu’ils se marient. Qu’ils flirtent alors qu’ils se reconnaissent sans jamais s’être vraiment vus avant. Qu’ils ont trop bu alors qu’ils s’enivrent l’un de l’autre, dans le silence d’un monde qui vient de disparaître autour d’eux.
Rien, désormais, ne sera plus pareil.
Le destin, chef d’orchestre parfait d’une symphonie qui lance ses premières notes, a œuvré à la naissance de ce moment depuis des temps que l’on ne compte ni en générations ni en années ou siècles.
Sans la moindre erreur il a mesuré et guidé les pas de chacun vers ce lieu, et uni leurs regards parmi tous les autres regards qu’ils n’ont pas vus.
Jamais ils ne perdront cette vertigineuse certitude. C’est bien eux. Que leurs routes s’unissent ou se séparent, ce qu’ils sont ensemble ne se dissoudra pas dans l’oubli ou le rien. Ce qu’ils sont ensemble en cet instant est ce qu’ils sont à jamais.