Dans le temps...

Publié le par Edmée De Xhavée

Dans le temps, nous dit-on, tout était tellement mieux. On précise quand même avec prudence à condition d’avoir eu assez d’argent pour vivre. Car il est certainement plus gai de s’imaginer dansant le charleston en faisant tourner son sautoir et révélant la troublante lisière d’un bas plutôt qu’à genoux en train de frotter le carrelage sous la morsure du savon qui s’enfonce dans les gerçures. On se voit volontiers gente dame en poulaines brodées d’or écoutant un ménestrel en vérifiant l’aplomb d’un hennin amidonné mais pas en sabots arrachant les pommes de terre sous la pluie dans un champ boueux…


On s’affole de la pollution, des guerres et de leurs affres, du temps qui ne suffit jamais. Mais nos ancêtres ont survécu à l’odorante horreur des tas de fumier sous la fenêtre, des seaux d’urine déversés dans les ruelles. Ils ont guéri de blessures cautérisées au fer, de membres amputés à la scie, d’enfants mis au monde sur des draps douteux et lavés avec de l’eau bien peu claire. Ils ont résisté aux mouches sur la viande et aux morsures de rats. Aux tranchées et parfois plus ou moins aux gaz. Aux mises à mort arbitraires pour cause de sorcellerie, de braconnage, de marché noir, d’amour avec l’ennemi… Les guerres, ils ne connaissaient que les leurs et n’avaient pas les médias pour leur dire que celles du monde entier étaient aussi devenues les leurs. Et le temps, si les gentes dames le passaient en prière et les garçonnes en jupes courtes à danser et flirter, la plupart du reste de l’espèce humaine travaillait encore plus que nous …

 

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Tout ne devient pas pire. On ne perd pas le paradis pour entrer dans une géhenne de béton, d’internet et de souffrances. On ne tue pas l’avenir de nos enfants. Ils auront un futur que nous ne concevons pas sans doute, mais qui sera leur présent, avec ses regards nostalgiques vers un passé imaginaire et enjolivé, ses coups de passion pour des jours et découvertes extraordinaires, et les doutes que chaque génération a pour les lendemains de celle qu’elle a mise au monde.


Bon… c’est juste que je n’ai pas envie de finir l’année dans le négativisme.

 

Hugh !

Publié dans C'est tout moi - ça

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C
En avant. En arrière. Il y a deux catégories de gens sur la terre: les éternels satisfaits assis sur une chaise de velours, les éternels insatisfaits... assis par terre les jambes croisées. En fait<br /> notre esprit permet d'aller partout: sur la lune où personne ne va plus, dans l'espace où il y a de la place pour tout le monde. Il y a ceux qui s'enclôturent et étouffent, d'autres qui vivent dans<br /> leur aura et tournent tout en rêve, même ce feu rouge où ils oublient d'arrêter. Il y a quarante ans j'ai lu une brique: "Le choc du futur". Aujourd'hui on n'a pas le temps de lire des briques,<br /> sauf si c'est un piètre roman d'amour qu'on lit en cachette sur la plage. Passé, futur, tout, absolument tout, se passe dans notre tête. À preuve ta belle photo moyennâgeuse... où ne sont pas<br /> photographiés ceux qui ramassaient le crotin.
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E
<br /> <br /> Proust semblait trouver que seul le passé était réel, que c'était donc pourquoi il fallait le revisiter jusqu'à plus soif <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Entre être toujours insatisfaits et toujours contents... il faut sauter de la chaise au sol!<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Bonne année à toi et aux tiens<br /> <br /> <br /> <br />
V
Tu as bien raison, vivons dans l'espérance !<br /> Je te souhaite une Heureuse fête de Noel et une Excellente Année 2012 remplie de bonnes surprises !<br /> BISOUS<br /> Verdinha
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E
<br /> <br /> Toi aussi chère Verdinha, tous mes voeux! Que ça swingue et danse et déborde d'amour!<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Bisous<br /> <br /> <br /> <br />
M
douce nuit, chère écrivaine;-)
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E
<br /> <br /> Douce journée, ma belle nostalgique...<br /> <br /> <br /> <br />
P
Je suis du genre à ne voir que la beauté des roses et non les épines et si je me pique en voulant cueillir la fleur, c'est pas grave, je respire son parfum et je savoure les instants...<br /> C'est la vie :-)
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E
<br /> <br /> C'est la vie, comme tu dis... et oui, il vaut mieux s'attarder sur le côté ensoleillé!<br /> <br /> <br /> <br />
U
J'ai déjà eu ce débat avec mes grands-parents (80 ans et 81 ans) qui ont une position nuancée. Ils sont épatés par tous les progrès techniques qu'ils ont connus, et ne voudraient pour rien au monde<br /> retourner en arrière. Ils évoquent aussi les quatre annés de guerre qu'ils préfèrent aujourd'hui oublier. Mais ce qu'ils regrettent un peu, c'est l'insouciance qui régnait à une époque où, sans<br /> télévision, on ne savait guère ce qui se passait en dehors du village, et où le soir, les voisins papotaient ensemble et les enfants jouaient sur la rue. Cette ambiance-là, ils ont l'impression<br /> qu'on ne la connaîtra plus jamais.<br /> <br /> Par ailleurs, une pensée ce soir pour toute ta région de Liège si cruellement touchée...
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E
<br /> <br /> La vie change et on ne peut rien y faire. Il y a des mieux et des moins bien. La télévision a apporté aussi de bien belles choses, comme ces documentaires, visites de musées, films et débats que<br /> l'on peut voir de chez soi alors que le corps ne supporte plus de sortir mais que l'esprit n'est pas encore rassasié!<br /> <br /> <br /> <br />