Je regarde par la fenêtre ...
Cet article répond à un sympathique défi lancé par Philippe sur son blog http://philippedester.canalblog.com. Le thème m’a accrochée tout de suite, et voilà! Et j’aime aussi beaucoup ce que sa fenêtre lui a inspiré, allez donc voir !…
Je regarde par la fenêtre et je vois le dessin du vent qui plie la pelouse et fait se mouvoir la couronne des chênes blancs au rythme de la respiration de l’univers. Je vois la course fanfaronne d’un lapin soyeux, et l’orgueil bleu de mon hortensia. Si je lève les yeux, ma vue est bercée par la vaporeuse traversée des nuages dans un ciel qui joue à la menace, d’un anthracite argenté d’un côté et nimbé de lumière de l’autre. On ne sait lequel l’emportera d’ici la fin de la journée. Un vol en V d’oies du Canada passe, précédé par une clameur familière qui rend gloire à un monde sans limites.
Je vois aussi, selon les saisons, les êtres nimbés de liberté qui m’entourent : les écureuils gris à la queue légère comme une volute de fumée, creusant la pelouse avec une ardente obsession; les oiseaux locaux ou de passage, me laissant parfois une plume aux couleurs prises sur la palette des dieux; de frémissants tamias aux yeux luisants. Et, depuis quelques années maintenant, des bandes de dindons “sauvages” indiscrets et curieux. J’ai appris à aimer leur silhouette Art Déco et leur plumage semblable à une armure de soie. Il y a aussi les marmottes craintives, si rapides que l’on croit avoir rêvé cette ombre rasant le sol. Et les biches aux jambes fuselées, aux yeux de pharaonnes.
Mais si je tourne le dos à ce film d’une nature généreuse, assise dans le matin ensoleillé de mon salon où chuchotent objets et souvenirs, c’est encore par la fenêtre que je regarde, celle que la lumière projette sur le mur. Un écran immobile et muet, qui me dit ne te retourne pas, tout y est, tu peux me croire …
Et lorsque c’est dehors que je suis, et que je regarde par la fenêtre, c’est vers la sécurité de ma vie que je plonge. Mon mari, mon compagnon de rêves et de certitudes, d’infortunes et de paix. Et Teeshah, dont c’est la place, comme il l’a décrété. Et la coupe de Bon Papa. Celle dont, en fin de vie, il mimait la forme pour que ma mère aille la chercher chez lui, et qu’elle m’a donnée ensuite. Elle était sa petite chérie, et cette coupe me parle de leur amour à tous les deux, de ce désir de laisser un objet qui parlera de bonheur et d’attachement sans fin.
Une fois à l’intérieur d’ailleurs, c’est le visage de ma mère qui flotte dans la vitre sur le fond bleu-noir de la nuit qui tombe. Mon reflet, puisqu’en plus de la coupe de Bon Papa et d’autres choses, elle m’a aussi donné ses traits. Ferme la porte, et profite de la soirée, me dit-elle. Je veille. Sois en paix.
Et puis, c’est aujourd’hui même que Bob Boutique, auteur des contes bizarres, défenseur passionné de la vie artistique en Belgique et libraire quand il a le temps, a mis sur son site son diagnostic après la lecture des Romanichels.
Je regarde par la fenêtre et je vois le dessin du vent qui plie la pelouse et fait se mouvoir la couronne des chênes blancs au rythme de la respiration de l’univers. Je vois la course fanfaronne d’un lapin soyeux, et l’orgueil bleu de mon hortensia. Si je lève les yeux, ma vue est bercée par la vaporeuse traversée des nuages dans un ciel qui joue à la menace, d’un anthracite argenté d’un côté et nimbé de lumière de l’autre. On ne sait lequel l’emportera d’ici la fin de la journée. Un vol en V d’oies du Canada passe, précédé par une clameur familière qui rend gloire à un monde sans limites.
Je vois aussi, selon les saisons, les êtres nimbés de liberté qui m’entourent : les écureuils gris à la queue légère comme une volute de fumée, creusant la pelouse avec une ardente obsession; les oiseaux locaux ou de passage, me laissant parfois une plume aux couleurs prises sur la palette des dieux; de frémissants tamias aux yeux luisants. Et, depuis quelques années maintenant, des bandes de dindons “sauvages” indiscrets et curieux. J’ai appris à aimer leur silhouette Art Déco et leur plumage semblable à une armure de soie. Il y a aussi les marmottes craintives, si rapides que l’on croit avoir rêvé cette ombre rasant le sol. Et les biches aux jambes fuselées, aux yeux de pharaonnes.
Mais si je tourne le dos à ce film d’une nature généreuse, assise dans le matin ensoleillé de mon salon où chuchotent objets et souvenirs, c’est encore par la fenêtre que je regarde, celle que la lumière projette sur le mur. Un écran immobile et muet, qui me dit ne te retourne pas, tout y est, tu peux me croire …
Et lorsque c’est dehors que je suis, et que je regarde par la fenêtre, c’est vers la sécurité de ma vie que je plonge. Mon mari, mon compagnon de rêves et de certitudes, d’infortunes et de paix. Et Teeshah, dont c’est la place, comme il l’a décrété. Et la coupe de Bon Papa. Celle dont, en fin de vie, il mimait la forme pour que ma mère aille la chercher chez lui, et qu’elle m’a donnée ensuite. Elle était sa petite chérie, et cette coupe me parle de leur amour à tous les deux, de ce désir de laisser un objet qui parlera de bonheur et d’attachement sans fin.
Une fois à l’intérieur d’ailleurs, c’est le visage de ma mère qui flotte dans la vitre sur le fond bleu-noir de la nuit qui tombe. Mon reflet, puisqu’en plus de la coupe de Bon Papa et d’autres choses, elle m’a aussi donné ses traits. Ferme la porte, et profite de la soirée, me dit-elle. Je veille. Sois en paix.
Et puis, c’est aujourd’hui même que Bob Boutique, auteur des contes bizarres, défenseur passionné de la vie artistique en Belgique et libraire quand il a le temps, a mis sur son site son diagnostic après la lecture des Romanichels.